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Rencontre avec le dalaï-lama au Sénat

Nous étions finalement 23 députés et 13 sénateurs, du groupe d'amitié FRANCE-TIBET, à recevoir sa sainteté le dalai-lama ce matin.

J'ai particulièrement apprécié la présence d'Axel Poniatowski, président de la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée nationale.

Louis de Brossia, président du groupe d'amitié au Sénat, a axé le débat sur deux thèmes :

  • quelle est la situation à ce jour au Tibet ?
  • que peut faire la France ?

Concernant la situation au Tibet, le dalai-lama précise que depuis les émeutes du 10 mars, la répression est particulièrement forte.

Les chinois sont de plus en plus agressifs et il y a de plus en plus d'arrestations, pour des motifs futiles .. de plus en plus de traitements brutaux, de la torture et des disparitions.

La Chine a entrepris la construction au Tibet de nombreuses casernes militaires, y compris sur l'ensemble du Tibet historique jusqu'ici épargné.

La Chine a entrepris en quelque sorte une nouvelle révolution culturelle.

Il a indiqué que, bien avant le 10 mars, la Chine avait procédé au remplacement arbitraire de 53 hauts cadres tibétains par des chinois de l'ethnie Han.

Il a également indiqué que la Chine souhaitait, dès la fin des Jeux Olympiques, envoyer 1 million de colons supplémentaires au Tibet pour diluer la culture et la résistance tibétaines.

Le gouvernement chinois souhaite également le retour sous deux mois de tous les étudiants et travailleurs tibétains qui vivent à l'extérieur du Tibet.

Pour lui, le gouvernement chinois a tout fait pour faire passer l'idée que les tibétains haïssent les chinois, ce qui a conduit a des discriminations et le boycott des commerces tenus par des tibétains en Chine.

Cette véhémence du peuple chinois a l'égard du Tibet et plus particulièrement à l'égard du dalai-lama est orchestrée, selon le dalai-lama, par le gouvernement chinois qui l'accuse, lui et sa clique, d'être responsables de la crise.

Le dalai-lama a souligné qu'à l'heure actuelle beaucoup de blessés sont laissés sans soins et que beaucoup de tibétains craignent d'être arrêtés s'ils se présentent dans un hôpital.

Il avait d'ailleurs fait une demande de mission médicale auprès de la Croix Rouge Internationale, qui l'avait accepté, mais qui s'est vue opposer une refus des autorités chinoises.

Il a également précisé que les régions chinoises peuplées majoritairement de tibétains, et touchées récemment par le tremblement de terre, avaient été bouclées.

Il souhaite que les chinois reviennent a une vision plus réaliste de la situation.

Il a rappelé qu'il craignait plus que tout que le Tibet soit submergé par des millions de colons Han. Les Tibétains disparaîtraient ainsi, sans bruit, dans l’océan du sang chinois. En Mongolie, ce processus est presque fini, et au Xinjiang, il suit son cours. Pour parler de la submersion ethnique, Pékin use d’une autre expression : chan shazi, « ajouter du sable ».

Le dalai-lama n'a pas de revendication territoriale, mais des revendications d'autonomie.

Pour lui, l'extension de la crise risque de venir des jeunes tibétains qui pensent que la solution de non-violence, qu'il a prônée depuis des décennies, a échoué.

Une nouvelle position commune sera discutée en septembre par le parlement tibétain en exil.

Les dernières discussions avec les autorités chinoises n'ont rien donné car les chinois considèrent qu'il n'y a pas de problème tibétain, mais un problème avec le dalai-lama.

Pour répondre à la question "que peut faire la France" il a tout d'abord rappelé qu'il se sentait démuni et que son pays était condamné à mort.

Il a donc plus que besoin de soutiens fidèles de part le monde, de supporters.

Il a donc deux mains : l'une amicale tendue vers le peuple chinois et l'autre tendue vers les soutiens extérieurs.

C'est la seule façon, pour lui, de faire fléchir les autorités chinoises.

Il compte beaucoup sur les USA, le CANADA, la FRANCE, l'ALLEMAGNE, l'ITALIE, la POLOGNE et la TCHEQUIE.

Une nouvelle série de rencontre doit avoir lieu en octobre avec les autorités chinoises.

Il a souligné que les européens libres doivent être particulièrement concernés par le sort des peuples opprimés et que l'INDE, le JAPON et le VIETNAM, parmi les premiers voisins de la Chine, sont les premiers défenseurs du Tibet.

La Chine intègre de plus en plus d'instances ou d'organisations internationales, elle doit donc en retour avoir un devoir de transparence et de démocratie.

A une question d'Axel Poniatowski qui souhaitait des précisions sur la notion d'autonomie qui semble claire en ce qui concerne l'aspect culturel et religieux, mais floue en ce qui concerne l'aspect politique, le dalai-lama a précisé qu'un plan en ce sens, en 5 points, avait été présenté en 1988, mais jamais discuté.

Il a indiqué que le Tibet avait une position particulière par rapport aux autres provinces chinoises.

La culture bouddhiste est partagée par plus de 13 millions de fidèles, y compris en Chine (et donc bien au-delà des 8 millions de tibétains).

Le Tibet ne joue plus son rôle de tampon entre les 2 superpuissances que sont l'Inde et la Chine, en devenant une zone militarisée.

A une question de Robert Badinter qui demandait si la Chine respectait le trêve Olympique en ce qui concerne la repression au Tibet, le dalai-lama a répondu par la négative.

En conclusion, cette discussion a été particulièrement intéressante. 

Il était important que la représentation nationale exerce pleinement son rôle en auditionnant le dalaï-lama, lors de sa présence sur notre territoire, seul intermède politique d'un voyage qui se veut avant tout spirituel.

Je tiens a souligné par ailleurs que je ne soutiens pas du tout les positions extrêmes affichées par certains membres de notre groupe d'amitié.

Je pense que la décision de notre Président de la République de rencontrer le dalai-lama d'ici la fin de l'année est la bonne solution. Il ne sert a rien de jeter inutilement de l'huile sur le feu, tout en restant ferme sur des principes de base. Comme le dit si bien le proverbe, chaque chose en son temps. Notre Président de la République joue pleinement son rôle, comme probablement aucun Président de l'Union Européenne ne l'avait fait auparavant, dans la crise opposant actuellement la GEORGIE à la RUSSIE et je lui fait donc confiance pour aborder le problème entre la Chine et le Tibet au moment opportun.

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