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Pour l'honneur de l'UMP, pour un nouveau départ

L’UMP traverse une crise aigüe et cruelle pour nous tous. Elle n’a rien de commun avec la rivalité qui opposa Jacques Chirac à Edouard Balladur, rien de comparable avec celle qui opposa Nicolas Sarkozy à Jacques Chirac. La lutte entre ces hommes était violente, mais elle s’inscrivait dans le cadre traditionnel de la compétition.

La crise actuelle est d’une autre nature, bien plus lourde de sens : c’est une crise qui touche à notre éthique politique. Que le premier parti d’opposition puisse être le sujet d’une fraude électorale manifeste ne devrait être ni anodin, ni tourné en dérision, ni étouffé au prétexte fallacieux que notre rôle d’opposant à la gauche «interdirait» de mettre en lumière les failles qui minent notre parti.

Election volée au parti socialiste en 2008, élection tronquée à l’UMP en 2012 : comment ne pas discerner dans ces deux évènements les signes d’une déliquescence de la pratique politique ? Il est alarmant de constater combien l’opinion française semble s’être accoutumée à l’idée que l’univers politique puisse être dénué de transparence. Dans d’autres Etats européens, le scandale d’une élection bafouée aurait été immédiatement dénoncé et purgé par une nouvelle élection. Chez nous, on pinaille, on relativise les torts, on dénonce les prétendus égos des protagonistes au lieu de défendre les principes.

L’affaire est pourtant grave et devrait susciter la réaction de tous. Elle est grave pour les adhérents de l’UMP dont l’expression démocratique n’a pas été respectée. Grave pour notre parti qui ne peut à la fois exiger de nos concitoyens qu’ils respectent leurs droits et devoirs, et être, en son sein, incapable de montrer l’exemple. Elle est enfin grave parce que les partis politiques concourent au bon fonctionnement de notre démocratie, selon l’article 4 de notre Constitution…

Après 6 mois de campagne, je n’imaginais pas un seul instant que je livrerais une telle bataille. Vainqueur, j’étais prêt à assumer la direction de l’UMP. Vaincu, ma déception n’aurait duré qu’un temps, et je me serais mis au service de ma famille politique, différemment.

Mais voilà, le 21 novembre, il fut reconnu que trois fédérations étaient passées à la trappe dans le décompte des résultats sans qu’aucune explication ne soit donnée. Ce jour-là, il devenait clair que tout un système était en cause. Se taire, c’était voir ce système opaque conforté dans ses pratiques. C’était lui laisser le champ libre pour les prochaines échéances électorales internes car le goût de la récidive s’ancre et persiste tant qu’il ne se heurte pas au mur du refus.  

J’ai engagé un combat pour l’honneur de l’UMP. Mon problème n’est plus d’être déclaré vainqueur ou vaincu d’une élection à laquelle plus personne ne croit. Mon but est de rendre justice à nos adhérents, et ma priorité est de replacer l’UMP sur des rails démocratiques solides afin qu’à l’avenir, rien ne soit plus pareil.

Dans mon combat, je ne suis pas seul. La grande majorité des parlementaires et militants de l’UMP, qu’ils m’aient ou non soutenu dans cette campagne, disent leur volonté de sortir de cette crise par le haut.

Avec Jean-François Copé, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. 

Nous nous sommes retrouvés en accord sur deux points.

Le premier, sur la nécessité de poser les bases d’une organisation incontestable pour toute prochaine élection, passant notamment par des institutions indépendantes. L’instauration de règles transparentes est essentielle pour réconcilier notre parti avec sa démocratie.

Le second point, c’est la nécessité de mettre en place une direction et une gestion de l’UMP qui soient partagées afin que notre parti redevienne la maison de tous. Pour ma part, je ne revendique rien mais pour tous les autres, je demande le partage des responsabilités pour éviter tout repli clanique et garantir l’équilibre de la ligne politique de l’UMP.

Le dernier point, qui commande le reste, concerne le calendrier de la prochaine élection interne. Pour moi, l’UMP ne peut surmonter sa crise morale et retrouver son élan que si des élections sont organisées rapidement. Jean-François Copé, lui, suggère d’attendre le printemps 2014. Son calendrier si élargi et dilatoire me paraît préjudiciable pour l’UMP. Il faut agir avant les municipales, les européennes et les sénatoriales pour nous libérer du poids d’une élection suspecte aux yeux des Français et donner à nos instances dirigeantes la légitimité qui lui fait défaut.

Notre différend sur le calendrier est important, et je crois utile d’entendre la voix de l’immense majorité de nos parlementaires qui milite pour un vote au début de l’été. J’aurais préféré un calendrier plus serré, mais j’adhère à leur proposition de compromis. Jean-François Copé doit écouter tous ces élus et adhérents et accepter de ne pas avoir raison contre tout le monde !

Je propose que nous prenions un nouveau départ par un nouveau vote, dans un délai acceptable par tous. Ce nouveau départ suppose une élection transparente, ouverte à d’autres candidats. Une élection qui ne se résume pas à un duel mais qui permette au contraire de rebattre les cartes, de ré-oxygéner notre parti, et ce faisant de lui redonner son unité et son honneur qui sont les gages de son rayonnement.

Si une nouvelle élection était organisée dans des conditions optimales, alors il sera dit que l’UMP a failli mais a eu le courage de se ressaisir. Par ce réflexe sain et noble, notre mouvement regagnera le respect de nos concitoyens et contribuera à réconcilier la Politique et les Français.

                                                                  François FILLON

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