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afghanistan - Page 2

  • Réaction à l'article du Dauphiné Libéré de samedi

    Quelques précisions suite à l'article paru en page 5 et concernant le non départ en Afghanistan d'une compagnie de combat du 27ème BCA.

    Tout d'abord, il s'agit d'environ 150 hommes et non 210 comme indiqué dans l'article.

    Ensuite, cette compagnie n'était pas destinée à être déployée au sein du bataillon Kapissa (et non Kapista ..) qui fait parti de la région Est, mais dans la FOB (base) de Surobi, qui fait parti de la région Centre (ou étaient basés les soldats tués le 18 août).

    Comme je l'avais souligné lors de mon intervention auprès du Chef d'Etat Major des Armées (voir mon article à ce sujet du 18 septembre 2008), il y avait un véritable problème de cohérence concernant l'envoi de cette compagnie (commandée par le capitaine Morel) à Surobi ... et j'ai a priori été entendu. 

    Quelle est la bonne solution : maintenant que la compagnie de chasseurs alpins qui devait être déployée à Surobi sera remplacée par des soldats du 3ème RPIMA (cohérence parfaite avec le bataillon français de Kaboul qui commande le détachement de Surobi et dont les soldats sont issus eux aussi du 3ème RPIMA), il faut faire en sorte que cette compagnie (la 1ère compagnie) parte avec les 2 autres compagnies au sein du bataillon Kapissa.

    Pourquoi ? Tout simplement parce que, comme je l'ai souligné dans mon article du 18 septembre, la vallée où évoluera le bataillon Kapissa est une vallée pleine de bocage, peu propice au déplacement d'engins blindés, type VAB ou AMX 10 RC, et il y a donc nécessité à renforcer le nombre de personnels à pieds pour pouvoir effectuer des sorties avec un maximum de sécurité.

    Celà permettrait également à l'ensemble des troupes alpines, qui s'entraînent ensemble depuis des mois, d'évoluer dans le même secteur, au sein de la même région Est, et sous un même commandement.

    Les bases de Nijrab et Tagab sont capables d'accueillir une compagnie supplémentaire.

    Je vais donc oeuvrer dans le sens de cette solution ... à suivre.

  • Engagement du 27ème BCA en Afghanistan

    Les auditions à huis clos sur l’Afghanistan de mardi après-midi et de mercredi (voir mon billet du 16 septembre), ont été particulièrement denses.

    Sans m'étendre sur les informations générales exposées par nos Ministres (Kouchner et Bockel), et sans trahir de secrets, voici un compte-rendu de mon intervention liée à l'engagement en Afghanistan des troupes alpines et notamment du 27ème BCA, et un compte-rendu de quelques-uns des propos du général Georgelin, Chef d'Etat Major des Armées (CEMA).

    Quelques éléments sur la situation :

    • Les troupes françaises présentes sur place se montent à 2885 hommes
    • Il y a 5 commandements en Afghanistan : région Est, Sud, Nord, Ouest et Centre (Kaboul)
    • Les troupes françaises sont présentes dans les régions Centre (Kaboul) et Est
    • 553 soldats du 27ème BCA doivent se rendre sur place, pour 6 mois, fin novembre
    • Les troupes françaises sont engagées sous mandat de l'ONU dans le cadre de la FIAC (Force Internationale d'Assistance et de Sécurité)

    Après avoir déplorer le manque de supports vidéos, indispensables pour animer cette audition (beaucoup de députés étaient perdus entre les sigles, les commandements et la géographie), je suis intervenu concernant la future présence du 27ème BCA au sein du bataillon de Kaboul, la future présence du 27ème BCA au sein du bataillon Kapissa, ainsi que sur les moyens mis à la disposition du 27ème BCA.

    Ces interventions donneront lieu a des questions écrites adressées au Ministre de la Défense, absent des débats pour cause de déplacement en Australie.

    Concernant le bataillon de Kaboul (région Centre) :

    La région Centre est actuellement commandée par un général français.

    Ce général a sous sa responsabilité :

    • Le bataillon français de Kaboul
    • Un bataillon italien
    • Un bataillon turc

    Le bataillon français comprend 769 soldats : 624 sont stationnés à Kaboul et 145 sont stationnés à Surobi (région ou 10 soldats français ont été tués le 18 août).

    C’est à Surobi que 145 des 553 chasseurs du 27ème BCA seront affectés.

    Quel est le problème ?

    La tragédie du 18 août a fait clairement apparaître des problèmes dans la chaîne de commandement, or les 624 soldats stationnés à Kaboul appartiennent au 3ème RPIMA de Carcassonne et au régiment de marche du Tchad, et les 145 soldats stationnés à Surobi appartiennent actuellement au 8ème RPIMA de Castres.

    Il y a donc un réel problème de cohérence, puisque les soldats stationnés à Surobi n’appartiennent pas au même régiment que celui de Kaboul (et  n’ont donc pas l’habitude de travailler ensemble), et seront par conséquent commandés par un officier du régiment de Kaboul.

    Ce qui veut dire que les 145 chasseurs du 27ème BCA, qui seront stationnés à Surobi dès fin novembre, seront commandés par un officier du 8ème RPIMA, alors que la cohérence voudrait qu’ils soient commandés par un officier du 27ème BCA. De plus, quel intérêt de les dissocier de leurs 408 collègues qui eux seront affectés au bataillon Kapissa (région Est), à moins de 40 kms … mais sous un commandement et une région différente … alors que celà fait plusieurs mois qu’ils s’entraînent ensemble.

    Mieux, les dates d’engagement des soldats présents à Kaboul et celles des soldats présents à Surobi étant différentes, les 145 chasseurs du 27ème BCA vont avoir 2 chefs de corps différents en 6 mois. Où est la cohérence ?

    J’ai donc demandé au CEMA (Chef d’Etat Major des Armée) de faire en sorte que les soldats affectés à Surobi soient issus du même régiment que ceux présents à Kaboul (cohérence) ou alors, que les chasseurs alpins affectés à Surobi soient rattachés à la région Est, de façon à ce qu’ils dépendent du bataillon Kapissa ou tous leurs collègues ont été affectés, et dont le bataillon sera dirigé par le colonel Le Nen, chef de corps du 27ème BCA. Celà règle également les problèmes de décalage de date d’engagement (même date).

    Concernant le bataillon de Kapissa (région Est) :

    La région Est est actuellement commandée par un général américain.

    Par contre, le bataillon Kapissa sera commandé par le colonel Le Nen, chef de corps du 27ème BCA.

    Ce bataillon va se répartir sur 2 bases (FOB) : Nijrab et Tagab.

    Le colonel Le Nen aura sous sa responsabilité un total de 628 chasseurs alpins :

    • 408 chasseurs alpins issus du 27ème BCA
    • 200 chasseurs alpins issus de la BIM (Brigade d’Infanterie de Montagne)

    Quel est le problème ?

    Cette région est la plus chaude actuellement (propos du général Benoît Puga).

    On sait que les insurgés tendent des embuscades par groupes de 10 ou 15, que nos blindés actuels sont peu adaptés au terrain difficile et que donc, beaucoup de reconnaissances devront se faire à pied.

    Or sur les 628 chasseurs du bataillon Kapisa, seule la moitié soit 286 hommes, sont réellement disponibles pour des opérations (fantassins). L’autre moitié est affectée à d’autres tâches.

    Donc au total, sur 6 sections de combats présentes (sur 2 sites), seules 2 pourront manœuvrer simultanément, car les 4 autres seront affectées à la garde des bases (x2) et en stand-by alerte (x2).

    C’est insuffisant pour occuper le terrain et éviter d’être d’un seul coup en infériorité numérique lors de combats, comme ce fût le cas le 18 août (une section de combat = 30 soldats).

    Quand on sait également que la première base du bataillon Kapissa (Nijrab) est située à 105 kms de Kaboul (soit 3 heures de route), cela pose problème en cas d’accrochage de grande envergure, le soutien aérien américain ne pouvant pas tout régler. Il faut donc plus de troupes pour occuper le terrain.

    Concernant les moyens mis à disposition du 27ème BCA :

    Si cet isolement était compensé par les moyens mis à disposition, et notamment une artillerie sol/sol adaptée, ce serait parfait, or qu’en est-il ?

    Pour se défendre, les bases de Nijran et Tagab disposent chacunes de 2 mortiers fixes de 120 mm dont la portée est de 30 kms, alors que le thêatre d’opération est d’environ 45 kms sur 60 kms.

    J’ai donc demandé au CEMA s’il était possible d’affecter au bataillon Kapissa des canons de 155 mm de type Cesar (portée de 45 kms) ou des canons de type 155 TRF1.

    De même, j’ai demandé au CEMA si l’armée française comptait déployer des hélicoptères d’appui au sol Tigre.

    Enfin, le bataillon Kapissa est doté de VAB et d’AMX 10 RC. Or ces véhicules sont peu adaptés au terrain en dehors des pistes principales. Le véhicule le plus adapté est le VHM (Véhicule à Haute Mobilité) dont seuls les chasseurs alpins sont dotés. Or sur 11 VHM diponibles au sein de l’armée de Terre, seuls 8 vont être déployés sur site (4 par base). C’est insuffisant, surtout qu’en saison d’hiver (ce qui sera le cas dès l’arrivée sur place des chasseurs alpins), ce sont les seuls véhicules utilisables car équipés de chenillettes (c’est dans un VHM que Nicolas Sarkozy s’est rendu au plateau des Glières ce printemps, son hélicoptère étant cloué au sol du fait des conditions météo).

    Quand au VAB, j’ai demandé au CEMA s’il était envisagé de rendre sa tourelle téléopérée de façon à ne pas pas exposer son utilisateur au tir de snipers.

    J’ai également interrogé le CEMA sur l’utilisation de drones, sachant que l’armée de Terre n’en dispose pas.

    Beaucoup de questions donc qu’il vaut mieux se poser avant qu’après, dans la mesure ou comme l’a souligné Guy Teissier, Président de la Commission Défense de l’Assemblée, nous nous devons d’offrir les meilleurs moyens et les meilleures conditions de sécurité à nos soldats.

    Je n’ai pas pu (pour des raisons de temps) aborder la question de la fermeture du CNAM de Briançon (Centre National d’Aguerissement en Montagne).

    Or a la lumière des évènements récents et des risques géopolitiques en Afghanistan, Pakistan, Iran et Géorgie (toutes des régions montagneuses), on peut réellement se reposer la question de la pertinence de sa fermeture.

    C’est le seul centre européen du genre (ou d’ailleurs le 27ème BCA va se rendre du 22 septembre au 3 octobre), par lequel devrait passer toutes les troupes qui se rendent en Afghanistan, de façon a ce quelles puissent se familiariser avec le milieu de la montagne, ce qui n’est pas le cas des troupes engagées actuellement.

    Article du POINT (envoyé par internaute) qui reprend le sujet (cliquez ci-dessous) :

    271682

    Sur l’intervention du CEMA :

    Le général Georgelin a rappelé que les USA représentent 38% des troupes présentent en Afghanistan, ce qui leur donne un certain poids.

    Il a souligné que beaucoup de questions posées par les députés relevaient du politique et n’étaient donc pas de son ressort (la politique préside au militaire).

    Il a bien précisé que la France faisait partie d’une coalition, la FIAS (organisation supra nationale), avec toutes ses contraintes, ce qui conduit dans bien des cas a un déficit de conduite stratégique.

    Il a souligné toute l’hypocrisise concernant la culture de la drogue qui sert a financer les insurgés à hauteur de 3 milliards de dollars par an, et sur laquelle le gouvernement afghan, corrompu, ferme les yeux.

    C’est l’un des principaux problème que doit résoudre le gouvernement afghan, la FIAS n’étant pas mandatée pour intervenir (car beaucoup de ses membres ne veulent pas se mettre la population à dos).

    Enfin, il a souligné la qualité de la propagande des insurgés qui n’hésitent pas, eux-mêmes, à tuer des civils et a faire passer ces exécutions pour des dommages collatéraux des alliés.

    En ce qui concerne les moyens mis en place, il a indiqué que c’était l’un des problèmes de la coalition, et que les décisions étaient prises à Mons (en Belgique) : on raisonne en approche globale, chaque pays apportant des moyens qui sont ensuite répartis sur zone.

    Le problème est également que beaucoup de pays engagés au sein de la FIAS ont émis des caveats, c'est-à-dire des règles d’engagement, qui nuisent à la bonne utilisation des moyens humains et matériels (exemple : les allemands limitent l’engagement leurs avions à la région Nord …). Il y en tout 83 caveats. La France n’a aucun caveat.

    En ce qui concerne l’appui, il a reconnu un manque d’hélicoptères dans la mesure ou la mobilité tactique est un facteur important de succès.

    Pour ce qui est du soutien aérien, des A10 américains tournent en permanence dans le ciel afghan, mais ont parfois, comme c’était le cas le 18 août, plus de 50 opérations à gérer en simultané.

    Enfin, en ce qui concerne le renseignement, deux solutions : soit on reste cantonné dans les bases (FOB), soit on en sort, et on s’expose, ce qui necessite effectivement des moyens (d’où mon questionnement).

    Il a terminé en souligant qu’une durée d’engagement de plus de 6 mois serait le meilleur moyen de tisser de réels liens avec la population et de faire du vrai renseignement.

    Voilà brièvement résumé, le contenu de cette audition, sans encore une fois trahir de secret.

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    Photos de VAB, AMX 10 RC et d'un VHM du 27ème BCA en manoeuvre sur le site des Papeteries à Cran-Gevrier :
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    Le VHM version civile en action :
  • Réunion sur l'Afghanistan

    Réunion extraordinaire du groupe UMP cet après-midi, consacré à la présence de nos forces armées en Afghanistan.

    Cette réunion, sera présidée par :

    • Guy Tessier : Président de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée
    • Axel Poniatowski : Président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée

    Seront auditionnés :

    • Bernard Kouchner : Ministre des Affaires étrangères
    • Jean-Marie Bockel : Secrétaire d'Etat chargé de la Défense
    • Général Jean-Louis Georgelin : Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA) => une première sous la 5ème République
    • Eric Chevallier : Conseiller spécial auprès du Ministre des Affaires etrangères
    • Philippe Errera : Conseiller chargé des affaires stratégiques auprès du Ministre des Affaires étrangères

    Je vais poser des questions très précises sur les conditions d'engagement du 27eme BCA, qui sera sur place dès le mois de décembre pour 6 mois.

    Compte-rendu de cette réunion jeudi après-midi sur le site.

    Demain, audition du Général Benoît Puga, Directeur du renseignement militaire, ancien chef des opérations à l'Etat-major des armées, auteur au lendemain de l'embuscade meurtrière qui a coûté la vie à 10 de nos soldats du fameux "la mission est réussie, les talibans ont pris une sacrée raclée" ...

  • Le contingent français cible privilégiée des talibans ?

    L'émotion ne doit pas empêcher la réflexion.

    La visite très médiatisée du président de la République en Afghanistan ne risque-t-elle pas d'être contre-productive au regard de la capacité de résilience de notre pays, c'est-à-dire de sa capacité à encaisser des coups ?

    En clair, si neuf morts et dix-huit blessés dans une embuscade (hors accident du VAB) justifient que le dirigeant d'un Etat membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies se précipite, toute affaire cessante, en Afghanistan pour remonter le moral des troupes, quelles leçons vont en tirer nos ennemis sur le terrain ?

    S'ils sont rationnels, les talibans ont compris que les Français représentaient une cible de choix, eu égard à la résonnance politique et médiatique que leur mort suscite.

    Nous n'avons pas souvenir que le Premier ministre britannique - un pays qui sait ce que le mot résilience veut dire - se soit rendu tout exprès en Afghanistan, alors que 116 soldats y ont déjà trouvé la mort.

    Il est bon que le nation honore les jeunes tombés alors qu'ils remplissaient une mission que le pays leur avait confiée. Mais l'émotion, et son usage médiatique, sont parfois mauvaises conseillères.

    J’espère avoir tort, mais je suis persuadé que les talibans, intelligents et fins tacticiens (et l'expérience des 30 dernières années prouve qu'ils le sont), vont dorénavant prendre les français comme cible privilégiée, pour les inciter à partir et affaiblir la coalition.

  • La présence française en Afghanistan

    LES CHIFFRES :

    • 3 000 : c’est le nombre de militaires français actuellement engagés en Afghanistan.
    • 50 000 : c’est le nombre de soldats engagés en Afghanistan au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) de l’OTAN.
    • 39 : c’est le nombre de pays engagés en Afghanistan.  

    L’ESSENTIEL :

    • La décision de participer a été prise en 2001 sous le gouvernement de Lionel Jospin, après un débat au Parlement.
    • L’Afghanistan était sous le joug de la dictature talibane et la base arrière du terrorisme mondial, où il trouvait refuge, assistance et financements grâce à un abondant trafic de drogue. C’est dans ce pays qu’ont été préparés les attentats du 11 septembre.
    • Comme l’a souhaité le Président de la République, le gouvernement organisera une déclaration sur l'Afghanistan, suivie d'un débat, dans le cadre de la session extraordinaire du Parlement à partir du 22 septembre.

    QUEL EST L’ETAT DES LIEUX DES FORCES FRANÇAISES ENGAGEES EN AFGHANISTAN ?

    • Environ 3 000 militaires français sont actuellement engagés en Afghanistan au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN, principalement à Kaboul et dans la province de Kapisa, au nord-est de la capitale.
    • La France n’est pas seule en Afghanistan, l’ISAF compte 50 000 soldats, déployés par 39 pays. 25 des 27 pays de l’Union européenne sont présents à nos côtés en Afghanistan.
    • Le 5 août dernier, nous avons pris le commandement de la zone Centre/Kaboul, où près de 1 800 de nos hommes sont déployés. C’est dans cette région qu’a eu lieu le drame.
    • Environ 280 soldats et officiers français sont présents dans le pays au titre de la formation de l’armée afghane à différentes missions militaires.
    • Il faut ajouter à ce dispositif des militaires stationnés dans les pays voisins (Tadjikistan) et qui servent de force d’appui aux combattants engagés directement sur le théâtre des opérations. Au total, notre engagement se situe autour de 3 600 hommes dans la région.

    POURQUOI SOMMES-NOUS ENGAGES DANS CETTE REGION ?

    • Parce que les valeurs de la France sont universelles, qu’elle promeut la liberté, l’égalité et la démocratie, il était impératif que la France s’engage aux côtés des forces alliées. Nous sommes en Afghanistan parce que c’est dans cette région que se joue une part de la liberté du monde, et parce que c’est là ou se mène le combat contre le terrorisme.
    • Il s’agissait d’une action de légitime défense suite aux attentats du 11 septembre 2001. Cette opération a été engagée dans le cadre d’un mandat de l’ONU, délégué à l’OTAN pour sa mise en oeuvre.
    • Le Premier ministre d’alors était le socialiste Lionel Jospin, et l’Assemblée nationale était elle aussi dominée par la « majorité plurielle » de gauche. Le Président de la République Jacques Chirac appuyait aussi cette intervention. Il s’agissait donc d’une décision de consensus.
    • Il faut se souvenir que l’Afghanistan était sous le joug de la dictature talibane, avec son lot d’asservissement des femmes, d’exécutions barbares et de châtiments corporels d’un autre temps, d’obscurantisme culturel et de prohibition des libertés.

    QUELS SONT NOS RESULTATS SUR PLACE, EN DEHORS DES ACTIONS MILITAIRES ?

    Depuis 2001 :

    • Le nombre d’enfants scolarisés est passé de 900.000 à 6 millions ;
    • Le nombre d’Afghans ayant accès à des soins est passé de 8% à près de 80% ;
    • 4 000 km de routes ont été construites ;
    • La mortalité infantile a été réduite de 25 points, soit 40.000 enfants sauvés par an ;
    • 20% de la population a accès à l’eau potable contre 4% en 2001, etc.

    POURQUOI LA SECURITE DU MONDE SE JOUE-T-ELLE EN AFGHANISTAN ?

    • La zone est d’une très grande instabilité. L’Afghanistan est enchâssé entre l’Iran à l’ouest, le Pakistan au sud à l’est, à proximité immédiate de la zone explosive du Cachemire. C’est donc un enjeu stratégique essentiel de la lutte pour la démocratie et la paix dans la région. Si nous abandonnions l’Afghanistan, le terrorisme international reprendrait ses droits, avec l’appui logistique et financier de certains de ses voisins. Si l’on se retirait, la sécurité intérieure des pays occidentaux serait directement menacée.
    • La meilleure preuve que l’Afghanistan est devenu un enjeu pour le terrorisme international, c’est que sur les talibans tués lors de la riposte de nos forces armées, une minorité était afghane. S’il s’agissait d’un conflit interne à l’Afghanistan, l’écrasante majorité des victimes adverses serait afghane.

    POURQUOI LES POLEMIQUES SOCIALISTES SONT-ELLES MALVENUES ?

    • Parce qu’elles ne respectent pas le temps du deuil : les corps des soldats Français n’étaient pas encore sur notre territoire que les socialistes français déchiraient déjà une unité nationale respectée pourtant par tous les autres partis de gouvernement, même à gauche.
    • Parce que les socialistes français semblent être les seuls en Europe à ne pas comprendre ce qui se trame dans cette partie du monde : Javier Solana, ministre socialiste pendant près de 15 ans en Espagne, a indiqué que les soldats Français « servaient la liberté et la démocratie » en Afghanistan ; Gordon Brown a adressé « à tous les Français nos remerciements sincères pour l’engagement de la France à participer au maintien de l’ordre en Afghanistan ».
    • Enfin, parce que la nouvelle réforme constitutionnelle, à laquelle les socialistes étaient pourtant fermement opposés, va permettre d’avoir un débat digne dans le seul lieu qui s’impose pour ces questions essentielles : le Parlement.
    • Ce débat, c’est le Président de la République qui l’a souhaité, conformément à l’esprit de la réforme constitutionnelle. Les socialistes prouvent encore une fois leur incohérence : ils ont refusé de voter ce principe parce que nous le proposions et ils en demandent l’application quelques semaines plus tard.

    QUELLES SONT LES ALTERNATIVES À NOTRE PRESENCE SUR PLACE ?

    • Soit nous décidons d’abdiquer, et de laisser les Afghans lutter seuls face à des forces qui, elles, raisonnent à l’échelle internationale. A ce moment-là, les terroristes auraient gagné leur combat, et il serait bien illusoire de croire que cette seule victoire leur suffirait : notre sécurité nationale serait directement menacée par un effondrement de l’Afghanistan. Il redeviendrait un sanctuaire pour un terrorisme international qui cible directement notre pays, ses valeurs, ses principes, ses intérêts et ses ressortissants.
    • Soit nous nous montrons à la hauteur du sacrifice de ces 10 soldats français et de l’engagement de leurs camarades présents en Afghanistan, parce qu’ils défendent des valeurs justes et essentielles en même temps que la sécurité de nos compatriotes. Dès lors, il nous faut évidemment nous interroger, en lien avec nos alliés, sur les modalités de notre intervention sur le terrain, notamment afin de protéger au maximum nos soldats.
  • Audition de Bernard Kouchner et Hervé Morin à l'Assemblée Nationale

    Les ministres des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et de la Défense, Hervé Morin, ont averti du  risque de nouvelles pertes françaises en Afghanistan, en défendant l'engagement de la France dans ce pays, huit jours après l’embuscade qui a tué dix soldats.

    Lors de leur audition par les commissions Défense et Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, organisée à la suite du drame, M. Morin s'est efforcé de démontrer qu'il n'y avait pas eu de dysfonctionnement lors de la mission effectuée par les forces françaises le 18 août à l'est de Kaboul.

    "Rien ne permettait de prévoir" l'embuscade, a-t-il assuré, alors que l'attaque, l'incident le plus meurtrier pour des troupes françaises depuis 1983, a causé une émotion considérable.

    Ce week-end, le général français commandant la force de l'Otan à Kaboul avait jeté le trouble en estimant que les militaires avaient péché par "excès de confiance".

    "Nous mettons tout en oeuvre pour protéger nos soldats", a ajouté le ministre, en réponse aux critiques, notamment de certaines familles de tués.

    Mais, semblant vouloir préparer les esprits, M. Morin a averti : "Le risque zéro n'existe pas dans les armées".

    Bernard Kouchner a également prévenu qu'il était "probable malheureusement" que la France subisse de nouvelles pertes dans une mission d'une durée encore indéterminée.

    Pour tirer les "enseignements" du drame, le ministre de la Défense a évoqué un renforcement des moyens de reconnaissance et de renseignement, qui avaient fait défaut lors de la mission.

    "Je proposerai au président de la République au début de la semaine prochaine un certain nombre de moyens supplémentaires, de drones, etc.", a-t-il dit, tout en soulignant les limites de "la supériorité technologique" sur un théâtre d'opération.

    Au-delà du drame, si les ministres ont affiché leur désaccord sur l'emploi du mot "guerre" - M. Kouchner acceptant un terme que son collègue "conteste totalement" - tous deux ont cherché à justifier l'engagement de la France dans une force de l'Otan opérant sous mandat de l'Onu.

    "Pas d'autre choix, d'après M. Morin, que de poursuivre l'effort de la communauté internationale", qui "concerne notre sécurité et la sécurité de nos concitoyens".

    S'il insiste sur "les motifs d'espérer", Bernard Kouchner a d'ailleurs reconnu que la situation "reste préoccupante", évoquant notamment "la présence nouvelle et croissante de jihadistes internationalistes relais d'Al-Qaïda".

    Il s'est montré sans illusions quant aux fléaux de la drogue et de la corruption qui minent, selon lui, les milieux proches du gouvernement afghan.

    Hervé Morin a plaidé de son côté pour "une pression internationale beaucoup plus forte" sur le Pakistan voisin, qui sert de base arrière aux insurgés.

    Cette audition intervient en préambule au débat prévu au Parlement le 22 septembre, qui sera suivi d'un vote, une double demande de l'opposition.

    "Que chaque parlementaire prenne ses responsabilités", a lancé Nicolas Sarkozy, en rendant visite dans l'après-midi à Castres (Tarn) au 8e Régiment parachutiste d'infanterie de marine, qui a perdu huit hommes dans l'attaque.

    Pour le chef de l'Etat, un retrait des troupes, réclamé par l'extrême gauche, le PCF et certains socialistes, est hors de question. "En abandonnant le peuple afghan, (...) nous renoncerions au statut de grande puissance, avec nos droits et nos devoirs pour la paix du monde".

    Pour ma part, je voterai pour le maintien de nos troupes en Afghanistan.

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  • Point sur la situation en Afghanistan

    La mort des dix soldats français de la force de l’Otan en Afghanistan, tués lundi et mardi lors de combats contre les talibans (qui ont également fait 21 blessés dans les troupes françaises), non loin de Kaboul, relance le débat sur le sens de cette guerre démarrée il y a sept ans.

    Nicolas Sarkozy s’est rendu aujourd’hui en Afghanistan.

    L’état du pays est de plus en plus chaotique.

    L’année 2007 a été marquée par une forte dégradation de la situation. En juin dernier, 49 soldats de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan et de la coalition, sous commandement américain, sont morts.

    Le bilan le plus lourd depuis le début de la guerre.

    En novembre 2001, la chute des talibans, « étudiants en religion » à la tête d’une dictature islamiste brutale depuis 1996, consacrait la victoire-éclair des Américains.

    Rapide, mais ephémère : la guerre s’est éternisée. Les talibans ont ouvert des fronts dans l’Est du pays et la démocratie rêvée est restée une illusion.

    En dépit de l’élection présidentielle de 2004 et de l’arrivée au pouvoir d’Hamid Karzaï, les Occidentaux n’ont pu se retirer du pays. L’insécurité n’a fait que croître : plusieurs ministres ont été tués, le président Karzaï a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat.

    Sans compter les victimes civiles afghanes : durant les cinq premiers mois de 2008, la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan a fait état de 698 civils tués, tandis que durant la même période de 2007 on enregistrait 430 décès.

    Enfin, le nombre de tués au sein de la coalition internationale n’a fait que croître d’année en année :

    • 2001 : 12 tués
    • 2002 : 68 tués
    • 2003 : 57 tués
    • 2004 : 58 tués
    • 2005 : 130 tués
    • 2006 : 191 tués
    • 2007 : 232 tués
    • 2008 : 183 tués depuis le 1er janvier 2008

    Côté français, y compris les pertes d’aujourd’hui, 24 soldats sont morts depuis 2001.

    Nicolas Sarkozy a décidé, en avril, d’envoyer 700 hommes supplémentaires. Il y a donc désormais 3 300 soldats français affectés au terrain d’opération afghan.

    Cet été, la France a pris la direction du Commandement régional à Kaboul, succédant ainsi à l’Italie.

    Le contingent français a plusieurs missions :

    • stabiliser et sécuriser les zones qui lui sont attribuées
    • surveiller les zones sensibles (aéroports, frontières)
    • détruire des munitions (obus et mines)
    • soigner militaires et civils dans certaines zones
    • assurer le transport des troupes (hélicoptères, avions)
    • former l’armée nationale afghane. 

    Les commissions de la Défense et des Affaires Etrangères de l’Assemblée nationale, vont se réunir, la semaine prochaine, pour faire le point sur la situation avec les ministres concernés : Hervé Morin, Ministre de la Défense et Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères.

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  • Débat sur l'Afghanistan en séance

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    Résumé de l’intervention du Premier Ministre sur la situation AFGHANISTAN

    L’engagement français en Afghanistan est fondé sur le droit international : les résolutions 1368 et 1386 du Conseil de sécurité, renouvelées encore en 2007, et la demande des autorités afghanes légitimes. La décision de participer a été prise en 2001 sous le gouvernement de Lionel Jospin, après un débat au Parlement.

    La FIAS est une opération multinationale : 40 Etats, dont 14 hors OTAN (Suède, Australie, Finlande, Jordanie…). Elle comprend près de 50.000 hommes dont la moitié sont des Européens. La participation française actuelle, à Kaboul et dans la région Est se monte à 1766 hommes, juste en dessous des Pays-Bas (1769) ; la moitié du contingent allemand (3500 hommes) et 22% du contingent britannique (7724 hommes). La France participe aussi à l’opération anti-terroriste « Liberté immuable » avec 571 hommes, dont une composante navale.

    La stabilité de l’Afghanistan est un enjeu crucial pour la sécurité internationale. Dans une région aussi fragile, avec le Pakistan voisin lui aussi menacé de déstabilisation (assassinat de Benazir Bhutto), un pouvoir extrémiste à Kaboul serait un risque majeur, y compris pour la sécurité de l’Europe. Tous nos grands partenaires partagent cet objectif, y compris l’Inde et la Russie.

    La mission de la FIAS est d’assurer la stabilité du pays face à tout risque de résurgence du pouvoir taliban associé à Al Qaïda, qui a assassiné le commandant Massoud. Elle n’est pas là pour occuper le pays mais pour renforcer la capacité des autorités légitimes à assurer la sécurité de leur pays. D’où les efforts de formation d’une armée afghane de 80.000 hommes, dont plus de la moitié est aujourd’hui en place.

    La sécurisation rend possible l’effort international civil (7 Mds euros sur 2006-2010). Elle permet de reconstruire des institutions démocratiques, les routes, le système de santé, d’éducation, alors que les talibans avaient ruiné le pays et condamné des millions de femmes à l’oppression et à l’ignorance. La destruction des bouddhas de Bamian a souligné la barbarie des talibans. La France organise, à la demande du Président Karzaï, une conférence internationale de soutien le 12 juin à Paris, avec le Secrétaire général de l’ONU.

    Ce qu’il faut pour réussir, c’est une stratégie partagée de la communauté internationale. Le Président a adressé une lettre en ce sens à tous les Alliés : engagement ensemble dans la durée ; inscription de l’effort militaire dans une stratégie globale et une coordination renforcée ; transfert progressif des responsabilités aux Afghans ; accord sur les objectifs : un Afghanistan stabilisé, réconcilié avec lui-même, débarrassé du terrorisme et du trafic de drogue. Cette stratégie sera entérinée au sommet de l’OTAN de Bucarest le 3 avril.

    Le choix pour la France est entre :

    • se retirer, c’est-à-dire renoncer à nos responsabilités et briser l’unité de l’Europe et des Alliés ;
    • le statu quo, c’est-à-dire renoncer à influer sur la stratégie ;
    • renforcer notre engagement, pour peser sur la stratégie globale et favoriser le transfert des responsabilités aux Afghans, qui permettra aux Alliés de partir lorsque notre mission sera accomplie.