Enfin ... un de mes amendements a été adopté
Retour sur la fin de l'examen du texte Création et Internet de ce jeudi après-midi.
Nous avons examiné les articles 3 à 13, le gros morceau étant l'article 6 qui traite des "communications électroniques".
Bien seul en l'absence de mes collègues de la majorité opposés à ce projet de loi (Vanneste, Suguenot et Dionis du Séjour), j'ai à nouveau défendu différents amendements destinés à corriger ce texte.
J'ai défendu et fait adopter mon amendement 175.
Voici le texte de mon intervention :
"L'Hadopi ne doit pas surveiller les correspondances privées.
Or un amendement de la commission des Lois propose, dans cet article 6 du projet de loi, d'étendre l'obligation de l'abonné internet de veiller à ce que son accès ne serve pas à pirater des contenus protégés, non seulement aux "services de communications public en ligne" (qui n'englobent pas la correspondance privée, comme les e-mails), mais à tous les services de communcations électroniques, y compris la correspondance privée échangée par voie élctronique.
Cet article, qui détermine le champ d'action de l'Hadopi, pose de nombreux problèmes :
- Il pose un problème de correspondance privée. Le législateur, du temps de la loi sur la confiance dans l'économie numérique, avait bien veillé à définir les différentes modalités des communications électroniques, pour éviter, notamment, de soumetttre la correspondance privée au même régime que les autres formes de communications électroniques, comme les services audiovisuels ou le web. Le présent projet de loi abolit cette frontière, ouvrant la porte à des dérives que la défense du droit d'auteur ne saurait justifier.
- Il encourage la généralisation du cryptage des échanges pour éviter que l'on puisse lire le contenu de ces messages, avec tous les problèmes que celà pose pour le dépistage d'infractions autrement plus graves que le téléchargement illégal que sont le terrorisme , la pédo-pornographie ... Incidemment, c'est aussi un vrai souci pour les opérateurs qui, n'ayant plus de visibilité sur l'écoulement de leur traffic, auront du mal à dimensionner leur réseau.
- Il engendre des coûts considérables pour la surveillance de ces échanges, laquelle nécessite l'implémentation au niveau des équipements d'accès, soit aujourd'hui dans les milliers de noeuds de raccordements (NRA) où sont installés ces équipements de type DSLAM, d'une technologie intrusive consistant à analyser chaque paquet internet pour déterminer ce qu'il contient. Au bas mot, on parle ici d'une centaine de millions d'euros à dépenser par opérateur, ce qui va alourdir encore considérablement les coûts devant être supportés par l'Etat.
Pour toutes ces raisons, il apparaît indispensable de revenir à la rédaction initiale de l'article 6, qui n'évoquait que les services de communication au public en ligne, qui sont des services transmis sur demande individuelle, n'ayant pas un caractère de correspondance privée.
Je propose donc par cet amendement à l'alinéa 2, de supprimer les mots "ou de communications électroniques".
C'est le seul amendement de la séance ayant obtenu un avis favorable du rapporteur et du Gouvernement ... et qui a donc été adopté ... c'est toujours ça de sauvé : la surveillance ne portera pas sur les mails.
Commentaires
Bravo pour cette "petite victoire" qui sera suivi de bien d'autres, et sur d'autres projets de loi .... le cumul des mandats .... par exemple !
Bien cordialement et merci pour tout ce travail.
Je tiens à vous remercier sincèrement pour votre lutte contre ce projet de loi dangereux pour la démocratie et la liberté de pensé citoyenne.
Un énorme merci pour votre amendement, qui repousse un peu plus les atteintes à la vie privé et à la liberté d'expression que ce projet de loi HADOPI instaure !
J'espère de tout cœur que mon député, votre confrère monsieur Marc Francina saura comprendre enfin les enjeux qui se cachent derrière cette loi, et qu'il saura, comme vous, protéger la démocratie. Les démocrates semblent se faire rare ces temps-ci, merci pour votre courage !
ColdFire
Bonjour,
Merci de votre intervention sur ce texte.
Même s'il parait difficile qu'il ne passe pas ce mardi, votre amendement aura au moins sauvé quelques meubles.
Cela fait plaisir de voir un député prendre le temps de lire et comprendre un texte avant de la voter.
Continuez, nous sommes derrière vous.
Eric Monier,