Vote du texte de la CMP sur le prix du livre numérique ... c'est non !
Le texte de mon intervention de ce soir en Discussion Générale :
Monsieur le Ministre,
Madame le vice-président de la Commission,
Monsieur le rapporteur,
Mes chers collègues,
La commission mixte paritaire s'est réunie, et a finalement validé la position du Sénat, en étendant l'application de la loi à tous les distributeurs, qu'ils soient français ou étrangers.
Il ne surprendra personne que cette solution ne me convient pas du tout. Nous avons choisi le conflit avec Bruxelles, une fois de plus malheureusement.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir été prévenu du problème. Cela fera un contentieux de plus entre nous et la Commission Européenne. Nous n'en manquons pourtant pas.
En tant qu'européen convaincu, je ne peux pas me satisfaire que l'on aille aussi légèrement au conflit avec Bruxelles.
Autant, je peux comprendre que nous ayons un bras de fer quand la question est réellement plaidable. Mais là, comme pour la taxe télécom, il est évident que nous allons dans le mur.
Tout cela créé une mauvaise relation avec la commission européenne, car dans les deux cas que je viens de citer, nous avons été prévenus.
Un dialogue s'est engagé, et nous avons sciemment choisi l'affrontement.
S'il n'y avait que ces deux dossiers, pourquoi pas, mais nos relations avec l'Union Européenne et la Commission sont bien plus vaste.
Nous avons énormément de sujets de discussion avec la Commission, et tous ne concernent pas la Culture. Pourtant, sous la pression de nos industries culturelles, nous multiplions les points de conflits sur cette thématique.
Si nous arrivons à un résultat, ce sera au terme d'une négociation âpre, où nous aurons dû sacrifié autre chose.
Que la France défende ses industries culturelles, j'approuve pleinement. Mais que la France sacrifie d'autres sujets, tout aussi importants, pour satisfaire des demandes excessives d'un secteur, je l'approuve beaucoup moins.
Je ne voudrais pas que d'autres demandes françaises, tout aussi légitimes que celles des industries culturelles, leurs soient sacrifiées.
Sur le sujet précis de l'application de cette loi aux distributeurs étrangers, je vois mal comment nous allons nous en sortir.
Dès la première application qui en sera faite, une question préjudicielle sera posée à la Cour de Justice de l'Union Européenne.
Elle répondra plus ou moins vite, et pendant ce temps, l'application de cette loi sera suspendue.
Comme on peut s'y attendre, car le droit communautaire est très clair, la réponse nous sera défavorable, nous aurons tout perdu.
Ainsi, les acteurs français ne bénéficieront d'aucune protection, nos relations avec Bruxelles se seront dégradées et on aura perdu nos monnaies d'échange !!!!
En tant que législateur français, je commence à en avoir assez de voter des lois que l'on sait contraire au droit communautaire.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire, lors des discussions sur le récent projet de loi relatif à l'immigration.
La loi n'était même pas encore définitivement votée qu'elle se trouvait déjà en partie obsolète, suite à un arrêt de la CJUE du 28 avril 2011.
Dans cet arrêt, il est clairement dit que la directive retour n'autorise pas les peines d'emprisonnement, pour les sans papiers qui n'auraient pas respecté l'obligation de quitter le territoire qui leur a été signifiée.
Cela implique qu'il n'est pas possible de les placer en garde à vue. Tout ce que la police peut faire, c'est les retenir au maximum 4 heures, afin de vérifier leur identité.
Cela limite grandement les moyens de l'administration pour faire exécuter les mesures de reconduite à la frontière.
Déjà à l'époque, l'article 15 de la directive était pourtant clair.
Nous n'en avons absolument pas tenu compte.
Nous avons choisi d'intégrer l'Union Européenne, ce qui implique de reconnaître la supériorité du droit communautaire sur notre droit national.
Je ne comprend pas pourquoi nous nous obstinons encore à ignorer celà dans cette enceinte.
Vous comprendrez donc que l'européen convaincu que je suis ne peux pas accepter de valider un texte de loi qui contrevient ouvertement et sciemment au droit communautaire.
Je voterai donc contre ce texte et j'attends avec impatience le verdict de la Commission Européenne et la CJUE.
Commentaires
Monsieur le Député
Pardonnez je vous prie ma raillerie mais ce texte est dans la continuité des divers textes votés par votre majorité depuis l'élection de 2007. Si vous êtes effectivement en pointe sur les nouvelles technologies, avec des prises de positions généralement opposées à celle de votre partie, vous n'en demeurez pas moins, pour le reste, en accord avec les positions défendues et votées (social, économie, santé etc etc).
Cordialement
Monsieur le Député,
Pardonnez-moi mais je m'embrouille un peu entre les effets de la territorialité ou extra-territorialité.
Pourriez-vous juste résumer ci qui constitue la contrariété frontale avec le droit européen?
Bien cordialement
Merci de votre intérêt pour ces sujets, qui permettent souvent de soulever les questions concrètes.
Jean,
C'est en gros que la disposition actuelle prévoit que le prix unique concerne aussi les distributeurs étrangers, alors que bruxelles a plutot tendance a se ranger dans des pratiques uniquement territoriales pour ce type de sujet. Cad que seul les disitributeurs francais seraient dans l'obligation de s'y plier. Ca a l'enorme inconvénient de créer une distortion de concurrence entre les acteurs nationaux et internationaux, mais le fait est que le prix unique est en soit absurde puisque casse les règles de concurrence lui même.
C'est un sujet difficile mais aller a la confrontation est inutile pour ce genre de sujet.